Friday, October 3, 2008

L’ouverture des jeux

J’ai dormi d’une traite jusqu’à sept heures et demi. Pas mal pour quelqu’un qui est sous l’influence du décalage horaire. Il fait soleil et il n’y a pas autant de smog ni d’humidité que la veille. Pas besoin de sortir les masques à gaz.

Notre première visite est destinée à l’aire de jeu. Ce n’est pas loin de notre hôtel, on peut y accéder en traversant le Media Press Center (MPC) ou en le contournant par l’extérieur. Comme il fait beau, on décide d’y aller en restant dehors. Quelques centaines de mètres plus loin, on arrive à destination : le National China Convention Center qui accueille les championnats du monde de bridge. Les autres compétitions (échecs, go, dames, etc.) se dérouleront au Beijing Convention Center, là où on nous a remis nos badges à notre arrivée, à un kilomètre d’ici (à vol d’oiseau, pas en taxi). Il y a une entrée contrôlée comme dans les zones de sécurité des aéroports où il faut présenter notre badge, passer sous le détecteur de métal et déposer nos sacs à main sur le tapis roulant qui les fera passer sous un scanneur.

Devant nous, il y a une vaste terrasse avec tables et parasols. L’entrée se trouve à droite. Dans le hall, des comptoirs-lunch et une zone remplie d’écrans de télévision plats. Ceux-ci serviront à afficher les résultats. Tout juste derrière se trouve l’aire de jeu divisée en trois sections : une dizaine de salles réservées au vu-graph, la salle fermée puis la salle ouverte. Tout est en place pour accueillir les joueurs : les tables, les écrans, les plateaux, les boîtes d’enchères, les Bridge-Mate, etc.

On fait le tour des lieux, puis on se tape un hot-dog et une bière en sortant. Le hot-dog est servi quasiment froid avec du ketchup, de la moutarde et de la choucroute. J’imagine que c’est ce qui se rapproche le plus de la salade de chou qu’on met en général dans un hot-dog. Pour nous, Saguenéens, c’est un sacrilège. Le hot-dog se mange avec du chou râpé nature, un pain vapeur brûlant et quelques assaisonnements.

Marc-André et Vincent sont pressés. Ils n’ont pas eu de nouvelles de leur coéquipier, Nicolas L’Écuyer, qui doit assister à la réunion des capitaines à quatorze heures trente en remplacement de leur capitaine dont l’avion n’arrivera qu’à quatorze heures. Ils nous quittent et nous décidons de faire quelques courses pour régler certains problèmes logistiques. Pascale n’arrive pas à échanger ses chèques de voyage. Les bureaux de change n’en veulent pas, pas plus que l’hôtel. Il faut absolument lui trouver une banque. La préposée de l’hôtel nous a indiqué où en trouver une. Elle est dans la même direction que le restaurant où on est allé hier soir.

En chemin, nous examinons attentivement les boutiques. Elles sont toutes minuscules, pas plus grandes qu’une chambre à coucher. Pascale me dit qu’elle a vu un dépanneur hier soir dans le même secteur, où une bière se vend quatre yuans, soit moins d’un dollar canadien. On s’amuse à entrer dans tous les dépanneurs que l’on croise pour demander le prix de la bière. Les Chinois qui y travaillent ne parlent pas anglais, mais, apparemment, le langage des calculatrices est universel. Pascale pointe du doigt l’article dont elle veut connaître le prix et le caissier le lui montre sur sa calculette. C’est d’ailleurs la combinaison calculatrice/boîte en carton qui leur sert de caisse enregistreuse.

Nous finissons par trouver une banque, mais non seulement est-elle sale et minuscule, elle est fermée en plus. Seul le guichet est ouvert et je remarque tout de suite qu’il n’arbore pas la mention Cirrus pour les retraits internationaux. Nous interrogeons quelques passants pour savoir s’il y a une autre banque dans les parages, mais c’est difficile d’obtenir une réponse. Il semble que personne ne comprenne l’anglais ici. Ils opinent avec leur tête, mais rien n’en sort. Finalement, il semble que le mot bank ait éveillé quelque chose chez l’un d’entre eux, car il nous fait signe de tourner à gauche au coin de la rue. Et juste là, devant nous, dans un édifice tout en hauteur et tout en verre s’élève la majestueuse Bank of China. Il y a un préposé qui s’exprime très bien dans la langue de Shakespeare et qui répond à toutes nos interrogations.

En sortant, nous cherchons le téléphone public annoncé par une affichette bilingue, chinois/anglais, accrochée sur un mur de briques. Il y a une petite entrée avec une porte ouverte, nous y jetons un coup d’œil rapide, c’est un garde-manger. Les murs sont couverts d’étagères avec des pots et des boîtes dessus. Nous ressortons aussi vite. Une chinoise nous suit et nous fais signe d’y retourner. Ce n’est pas un garde-manger, mais un dépanneur tellement petit que nous remplissons tout l’espace à nous trois. La Chinoise nous désigne une petite glacière près de l’entrée, de celle qui contient les pop-sicle et autres délices gelés. Par-dessus, se trouvent deux gros téléphones jaune vif à clavier. Il n’y a pas de fente où mettre les pièces, il faut payer la madame. C’est ça, le téléphone public en Chine. On repassera, merci.

Nous avons un meeting d’équipe à seize heures trente dans le lobby et un cocktail suivi par la cérémonie d’ouverture des premiers Jeux mondiaux des sports de l’esprit.

Au meeting, John, notre capitaine, nous apprend qu’à la suite de problèmes de sécurité, la cérémonie d’ouverture a été annulée, du moins pour la Fédération mondiale de bridge. D’où le cocktail en début de soirée offert par cette dernière. Tous les joueurs de bridge s’y retrouvent et en profitent pour vider joyeusement les plats et les verres offerts gracieusement par la fédération. C’est sans façon, pas de présentation, pas de discours. Au moins, cela libère notre soirée pour le souper. Sauf qu’à dix-neuf heures, le sommeil me gagne et je n’ai qu’une envie, retourner à ma chambre. Nous jouons demain contre l’équipe hôte, la Chine, et nous serons au vu-graph avec les commentateurs chinois.

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